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La Résistance, par-delà ses manifestations politiques et militaires, a été l'occasion d'une grande « prise de parole » des Français. De la nuit de la clandestinité ou de la solitude de l'exil, ont émergé des dizaines de projets qui prétendaient « refaire la France ». La pensée de la Résistance est d'abord née d'une réflexion sur la défaite et la responsabilité des élites. De cette interrogation sur le drame fondateur, mais aussi de l'attention portée aux expériences du Front populaire et de Vichy, a peu à peu émergé une conception nouvelle et forte de l'éducation. A bien des égards, les grandes révolutions vécues depuis la fin de la guerre par le système éducatif français (généralisation et unification des études secondaires, démocratisation de l'Université, redéfinition des rapports entre « public » et « privé », remise en cause du latin et de la place exclusive de l'enseignement intellectuel) trouvent leurs racines dans les projets et les réflexions des résistants. D'une façon plus générale, les modalités de l'intervention de l'État dans les sphères éducative et culturelle, qu'il s'agisse de la politique de la jeunesse ou de la politique culturelle, ont été redéfinies et ont alors acquis les fondements théoriques et pratiques que les Quatrième et Cinquième Républiques n'ont cessé de renforcer.