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Les conflits portés par des revendications identitaires – autonomie, indépendance, droits culturels – n'ont cessé d'augmenter depuis 1945 et vont parfois jusqu'à menacer l'existence des États. Loin d'avoir disparu dans les régimes démocratiques, ils sont particulièrement importants en Turquie, en Iran et au Pakistan et ce, malgré une construction étatique et un rapport aux minorités profondément différents. Dans ces trois pays, l'identité ethnique ou religieuse est un principe quotidien de classement des individus et de hiérarchisation des groupes. Or, si les différences créent de la hiérarchie et de la rivalité, elles ne débouchent pas nécessairement sur des conflits. Comment passe-t-on alors de la simple « friction culturelle » au conflit identitaire ouvert? Effectuant des découpages territoriaux, cartographiant, recensant et classant les populations, imposant des normes d'enseignement et distribuant inégalement les ressources, les États produisent les conditions propices aux mobilisations identitaires. Le basculement dans la violence est dès lors fonction des politiques étatiques - de discrimination, d'ouverture ou de répression – qui organisent les rapports entre les groupes.