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« En ce moment, je vois les mecs qui travaillent aux travaux, ils se font harceler par les femmes, elles les bousculent et c'est aussi trash que les bonhommes. En plus, il y en a un qui est joli garçon, elles sont là: je vais me le faire... » « Cette surveillante, je lui disais tout. Elle amenait ses baskets, on faisait la course dans le couloir, on attendait que tout le monde soit enfermé. Ou elle me mettait sur le charriot et elle me poussait! » « Y en avait une qui me passait des petits mots sous la porte le soir, une Anglaise: I love you Madame L. Alors à chaque fois je lui disais: non Margaret, non. » Pendant deux ans, la sociologue Myriam Joël a recueilli les confidences de 80 détenues et 70 professionnels et bénévoles officiant en détention féminine. Son enquête rapporte une parole étonnamment libre sur un sujet frappé d'illégitimité et ignoré des sciences sociales: la sexualité en prison de femmes. Ouvrant la perspective bien au-delà de son objet, tour à tour émouvant, drôle, dérangeant, l'ouvrage montre que l'univers carcéral n'a rien d'un isolat spatial et temporel. Comme à l'extérieur de la prison, la sexualité s'y révèle tout à la fois clandestine, invisible, ostensible et rationalisée. Les détenues y sont soumises aux mêmes injonctions contradictoires que les femmes du monde dit libre: s'affranchir de la domination/violence masculine tout en se conformant strictement aux normes de genre.