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Munie de son magnétophone, de sa grille d’entretien et de son appareil photo, Julie Madon s’est immiscée dans l’univers quotidien d’une catégorie particulière d’homo domesticus : les « longéviteurs ». Soit ceux qui, par conviction écologique, culture familiale, goût de la brocante ou tout simplement contrainte budgétaire, s’efforcent de faire durer les objets, ravivent des pratiques oubliées d’entretien et de réparation, se convertissent aux achats de seconde main et à la revente.
L’enquête retrace leurs profils très variés et inventorie les événements de la vie qui les ont rendus sensibles à la préservation des objets. Elle montre que, loin d’être linéaires, les pratiques de longévité fluctuent selon les priorités du moment et surtout selon les obstacles qui se dressent comme le manque d’accès à des dispositifs appropriés, la délégitimation par l’entourage, la résistance technique des objets, l’obsolescence programmée par les fabricants.
Un récit singulier, vivant, parfois drôle, où les enquêtés se livrent en toute candeur sur les rapports qu’ils entretiennent avec leurs biens domestiques, relatent leurs petites victoires face aux injonctions marchandes et témoignent des efforts qu’exige l’art de déconsommer dans un monde qui continue à promouvoir l’abondance tout en se défaussant de la responsabilité environnementale sur les individus.
Julie Madon est docteure en sociologie de Sciences Po, sociologue consultante au sein du cabinet Étéicos.