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Quels intérêts d'ordre pratique se cachent derrière les nombreuses histoires généalogiques publiées au début de l'âge moderne ? Ces généalogies fabuleuses attribuent aux dynasties régnantes et aux familles nobles des origines tellement illustres et si éloignées dans le temps qu'elles en apparaissent ridicules et incroyables. Or, dans le cadre d'une histoire des origines des peuples et des pays, ces généalogies sont également diffusées dans des textes dont l'ambition est certes de légitimer et de célébrer, mais tout autant d'élaborer un discours historique, même s'il semble bien étranger à notre écriture de l'histoire. Ce livre étudie les présupposés intellectuels et la mise en œuvre scientifique de l'historiographie généalogique. Il passe en revue un certain nombre de thèmes propres à la production de l'âge moderne ; il en examine les origines dans l'Antiquité classique et chrétienne ; il confronte cette production à la critique érudite et aux idéologies religieuses et politiques de l'époque. En tentant de comprendre la signification d'une historiographie différente de la nôtre – dans son déploiement logique comme dans sa matrice chronologique –, Roberto Bizzocchi nous suggère aussi de nous livrer à une autocritique prudente. Est-il certain, en effet, que notre propre quête de la vérité historique obéisse toujours à une rationalité à toute épreuve? « Quantité de graves personnages ont suivi exactement ces filiations, avec la même sagacité qu'ils ont découvert comment les Japonais avaient peuplé le Pérou. L'histoire a été longtemps écrite dans ce goût. » Voltaire, Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand (1759)