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Synthèse consacrée aux liens étroits entre philosophie et poésie dans la Grande-Bretagne des Lumières, le présent essai rend compte à la fois d’un foisonnement intellectuel sans précédent (à travers les exemples de Locke, Berkeley, Hume ou Burke) et d’une diversité inédite d’expérimentations artistiques (dans les œuvres de Pope, Wordsworth, Burns notamment). La pensée empirique, prégnante tout au long du XVIIIe siècle, loin de figer les poètes dans un pragmatisme étroit, se traduit au contraire par un éveil de la sensibilité, puis par un dépassement de l’immédiatement perceptible conduisant à une spiritualité intense.Les règles classiques des Anciens, toujours respectées, sont néanmoins revues à l’aune de principes inspirés d’une nature authentique. La poésie britannique de l’époque voit dans la nature une création d’origine divine, avec une ferveur qui évite les écueils du dogmatisme ; elle explore les ressources inépuisables de l’imagination, non plus considérée avec méfiance, mais comme une faculté aux potentialités multiples. Comme la philosophie, la poésie des Lumières en Grande-Bretagne développe une poétique de la recherche ouvrant la voie au romantisme.Pierre Morère est professeur émérite à l’Université Stendhal-Grenoble 3 et spécialiste de littérature et d’histoire des idées en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle.