Prix public : 22,00 €
Depuis le début des années 1980, l'économie de la culture connaît une croissance exponentielle en France, avec en parallèle la création d'un statut d'intermittent du spectacle qui évolue au gré des politiques en vigueur et des mobilisations sociales. Unique en son genre, cet ouvrage s'appuie sur un travail d'enquête lancé dès le début des années 1990 pour faire le récit de ces relations complexes entre intermittents et État-providence culturel. Soutenus par l'État central et les collectivités locales depuis la création de leur statut dans les années 1980, les intermittents voient cette alliance renversée par l'élection de Jacques Chirac en 2002. Face aux réformes alors envisagées, des formes nouvelles de mobilisation apparaissent, entraînant l'annulation des grands festivals de l'été 2003, notamment celui d'Avignon. Les intermittents découvrent alors leur « pouvoir de nuisance » et en réactive régulièrement la mémoire ; ils ne sont d'ailleurs pas concernés par la réforme de l'assurance chômage de 2022. Pour autant, ce statut est loin d'être idéal. En effet, les intermittents connaissent souvent une forme de précarité matérielle (hyperflexibilité du travail, faiblesse des revenus, incertitudes sur l'avenir). En revanche, ils sont insérés dans de puissants réseaux de sociabilité qui constituent d'ailleurs une des ressources de la lutte, disposent de capitaux culturels et scolaires importants et bénéficient de gratifications symboliques. Les intermittents se situent davantage dans des logiques de déclassement social. Leur lutte pour le maintien du régime est alors une manière de lutter contre ce risque en évitant d'être livré aux forces du marché.