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Les Romains détestaient la monarchie. Pour eux, notamment pour les grands, elle était synonyme de tyrannie. L’attachement à la République, une république oligarchique d’un type particulier où l’égalité n’était pas celle des hommes mais celle des groupes (« égalité géométrique »), était ainsi quasiment viscéral. Pourtant la République mourut, en raison de son incapacité à gouverner la Méditerranée et de son impossibilité à réduire les ambitions de quelques-uns. Il est vrai que ceux-ci avaient trouvé ailleurs, dans un Orient grec détesté à Rome, les fondements d’une idéologie nouvelle, tyrannique ou monarchique qui, bien vite, eut l’appui de la plèbe de la Ville. C’est l’histoire de cette mutation, de cette révolution romaine que raconte ce livre, étant entendu que, les grands demeurant attachés aux formes de gouvernement du passé, l’émergence, claire, d’un nouveau régime dura des siècles, avec des tentatives étonnantes d’avancée vers la monarchie absolue, comme sous Caligula ou Néron. Alors, d’un point de vue sénatorial, la meilleure forme de résistance fut de répandre partout l’idée que ces principes étaient fous, ce que les historiens acceptèrent, sans raison véritable, durant deux mille ans. Dans le même temps voguaient les bateaux, parfois presque aussi grands que ceux des Génois, un millénaire plus tard, tandis que de riches commerçants, plus ou moins bien insérés dans le tissu social, s’enrichissaient encore, discrètement. La roue du moulin, que l’on crut, longtemps et à tort, férocement archaïque, délivrait son chant et son huile, actionnée par des générations d’ânes. Car, nonobstant ce qui fut dit, le progrès technique n’avait pas déserté Rome. Quant aux combats politiques, ils ne doivent pas nous empêcher d’espérer — espérer seulement — entrevoir la totalité de l’histoire.