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Être née femme a longtemps cantonné la moitié de l’humanité à un univers fermé au monde, sous haute surveillance masculine, propice à l’étouffement des désirs, des plaisirs et de la pensée. Nos sociétés occidentales se caractérisent toutefois en ce que les femmes ont vu leur condition évoluer de façon spectaculaire en un siècle et demi. Mais les progrès scientifiques et l’évolution des mentalités qui ont abouti à la maîtrise de la procréation, unis à l’accès à l’éducation, et partant, au monde du travail, ainsi que la proclamation officielle des principes d’égalité citoyenne et de parité ne sont pas encore venus à bout de toutes les discriminations. En particulier, pourquoi les hautes responsabilités de l’espace public restent-elles un bastion masculin ? En Espagne comme ailleurs, les groupes de pouvoir ont toujours donné la préférence au sexe masculin et la condition féminine suit globalement des étapes de développement historique identiques – à quelques différences près inhérentes à la culture et à l’évolution des systèmes politiques du pays et que cet ouvrage détaille – à celles que vécurent leurs homologues des sociétés occidentales. C’est dans le contexte politique qui suit la rupture du Sexenio democrático (1868-1874) que certaines Espagnoles entreprennent une redéfinition de leur place dans l’espace public. Surgie des secteurs les plus favorisés de la société féminine, la réflexion sur la question féminine atteint bientôt des cercles sociaux diversifiés, traversant le monde ouvrier en quête de changements sociaux et politiques comme des milieux très conservateurs. Elle y reçoit des réponses souvent ambiguës voire contradictoires, reflets des divisions sociales et idéologiques tranchées caractéristiques des étapes politiques que traverse l’Espagne contemporaine en mal de modernité jusqu’à l’implantation de la démocratie. Ce volume collectif invite à suivre la chronologie et permet de comprendre les revendications et les modalités d’expression des courants de l’émancipation féminine en Espagne : droit au respect, affirmation d’une identité propre, militantismes associatifs et politiques, combats solitaires ou collectifs, engagements au nom d’un idéal de liberté et d’égalité citoyenne. L’on observera que la trajectoire des Espagnoles dans leur accès à l’espace public est – comme ailleurs dans le monde – un indicateur de premier ordre sur l’évolution des mentalités et quant à la capacité d’une société à créer les conditions de la disparition des pratiques ancestrales de toute discrimination, à progresser donc sur le chemin de la démocratie.