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L'été sous les tropiques Stéphen Rostain et Nathalie Vidal ont composé pour vous un numéro spécial et double, tout entier consacré à l'archéologie des Antilles et de la Guyane françaises. Deux grands principes les ont guidés dans la constitution de ce dossier : d'abord, décrire la « révolution des années 1990 », qui s'est traduite par le renforcement des cadres administratifs, la professionnalisation des équipes engagées dans l'archéologie de sauvetage, la définition de nouvelles problématiques de recherches. Ensuite, mesurer les effets scientifiques de cette révolution sur notre perception des sociétés amérindiennes précolombiennes et, dans une moindre mesure, des sociétés créoles coloniales. Les articles portent sur l'histoire de la discipline et les liens étroits qu'elle entretient avec l'ethnographie (André Delpuech 1, Nathalie Vidal, Stéphen Rostain 2). Trois auteurs s'intéressent en particulier à son institutionnalisation, en revenant sur les politiques mises en place par les directions des antiquités puis les Sra depuis leur création (André Delpuech 2, Nathalie Vidal, José Thomas). Les principales interrogations concernent le peuplement des Guyanes côtières de la façade atlantique (Stéphen Rostain 2) et des îles de l'Arc Antillais (Dominique Bonnissent, Benoît Bérard) par des communautés de pêcheurs collecteurs ou d'horticulteurs sédentaires. Parties du bassin de l'Orénoque au Vénézuela, les migrations vont de pair avec un processus de néolithisation ininterrompu entre le VIe millénaire avant J.-C. et l'arrivée des Européens à la fin du XVe siècle. L'archéozoologie contribue à mieux connaître la manière plus ou moins élaborée dont ces sociétés exploitaient les ressources qu'offraient leur environnement (Nathalie Serrand, Sandrine Grouard). La dimension moderne de l'archéologie dans les départements français d'Outre-mer n'est ici qu'abordée à travers le prisme de la Guadeloupe. Longtemps inexistante, l'archéologie historique est aujourd'hui traitée dans ses dimensions militaire, urbaine, religieuse et industrielle. Évidemment exposée à des débordements d'affects et à toutes sortes de manipulations idéologiques, l'archéologie de l'esclavage est inexistante et offre un champ encore inexploré (André Delpuech 3). Max Guérout et Thomas Romon, eux, nous entraînent dans l'Océan Indien, sur l'îlot désolé de Tromelin. Le naufrage de L'Utile et la condition misérable des esclaves malgaches, abandonnés quinze ans durant sur ce minuscule récif de corail, ont fait la une des journaux à l'automne dernier. Les responsables de la fouille, sous-marine et terrestre, parrainée par l'Unesco, reviennent ici sur leurs principaux résultats.