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Un changement profond dans la conception des modèles moraux s'est opéré en France au 18e siècle. La gloire est alors devenue une distinction attribuée publiquement à un individu pour ses bienfaits envers la société. C'est dans ce processus que se développe aussi une reformulation du rôle des nouveaux héros qui de façon croissante sont moins militaires que civils. En 1668 La Bruyère avait déjà observé : «Peut-être qu'Alexandre n'était qu'un héros, et que César était un grand homme. » On passe des hommes illustres aux grands hommes, parmi lesquels bientôt les hommes de lettres prédominent. La tradition littéraire qui remonte à l'Antiquité de présenter à la société des modèles d'action morale subit ainsi une actualisation et une transformation révélatrices. Les beaux-arts en particulier vont développer de nouvelles représentations qui correspondent aux éloges littéraires. Avec le culte des poètes et des penseurs en Allemagne se dessine une évolution parallèle. Les contributions de ce volume analysent la façon dont l'idée moderne des grands hommes s'est imposée depuis ses débuts au 18e siècle jusqu'à l'inflation et l'épuisement au 19e siècle et offrent des cas exemplaires de l'histoire de l'art française et allemande. Aussi bien le rôle pionnier de l'Angleterre dans ce processus que l'importance particulière des discours littéraires sont pris en considération. L'histoire de l'art des grands hommes qui s'esquisse ainsi est en même temps une histoire de ses propres espaces et lieux : bibliothèques et galeries, jardins paysagers et places publiques, édifices de culte ou temples comme le Panthéon ou la Walhalla, bâtiments publics comme des théâtres, des hôtels de ville, des établissements scolaires ou enfin le musée. Une histoire, de surcroît, de ses manifestations médiatiques sous la forme de bustes, de statues en pied, de monuments funéraires, mais aussi de portraits ou de peintures murales, de gravures dans des livres illustrés et de caricatures.