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« Rares sont les entreprises où vos collègues ne perdent jamais une occasion de vous soutenir », indiquait le slogan d'une récente campagne de recrutement de l'Armée de terre française. Rares aussi sont les métiers où l'engagement requis comprend une telle extrémité; le choix de servir sous les drapeaux implique d'admettre l'éventualité d'avoir à donner ou recevoir la mort. Mais comment y parvient-on? Comment l'institution militaire s'y prend-elle pour transformer de jeunes civils en soldats professionnels prêts à se battre y compris jusqu'au sacrifice de leur propre existence? Fondé sur une enquête ethnographique conduite dans un centre d'instruction militaire auprès de recrues et de leurs formateurs, cet ouvrage interroge les modalités concrètes et enjeux de la fabrique des combattants. Devenir soldat nécessite d'incorporer des techniques et savoir-faire spécifiques, d'aguerrir son corps, d'accroître sa force et sa résistance au prix d'une discipline intense. Mais au-delà, il s'agit d'intégrer une communauté soudée et homogène, de « faire corps » autour de valeurs, de rituels et de traditions partagés qui dépassent le strict cadre de l'instruction opérationnelle. Homme de métier, le soldat est un homme qui doit faire la preuve de ses qualités « viriles »: courage, dépassement de soi et capacité à (faire) endurer la violence se trouvent ainsi au cœur de l'esprit de corps que l'on cherche à transmettre. En dévoilant la pluralité des enseignements militaires, cette recherche met au jour le caractère complexe et parfois ambigu d'une formation dans laquelle il s'agit tout à la fois d'apprendre à combattre et parader. À la croisée d'une ethnologie des savoirs, du corps sexué et des identités socioprofessionnelles, cet ouvrage propose un regard sur une institution politique de premier plan, aujourd'hui particulièrement visible dans l'espace social et pourtant encore largement inaperçue des sciences sociales.