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Les rapports sociaux de sexe ou de genre, la division sexuelle des tâches, la définition de l'individu et de la personne, de la parenté et de la famille – mais également de la normalité, de l'anormalité et de la différence – sont des questions sociales et politiques omniprésentes dans les sociétés occidentales. Si les sociologues, anthropologues, philosophes, juristes et historiens se penchent sur ces débats, leur intérêt est la traduction, dans le domaine « savant », des mobilisations sociales par des personnes souvent traitées comme des « tiers ». Ces personnes sont rejetées aux marges de la société, parfois sujettes à des interventions médicales et juridiques afin de les « normaliser », ou même à des internements dans les prisons. Les mouvements des intersexués, LGTB et queer s'intéressent aux pratiques des sociétés autochtones telles que décrites dans les travaux classiques des anthropologues, avec travestissement rituels et parfois pratiques homosexuelles; mais ils ont tendance à les instrumentaliser de façon le plus souvent décontextualisée et romancée. Ce dossier invite à des réflexions critiques qui prennent en compte les obstacles auxquels sont trop souvent confrontés les tiers exclus et met en lumière également la présence innovante dans l'histoire, la jurisprudence, la recherche scientifique, les arts ou la littérature du « troisième sexe social », concept développé par Bernard Saladin d'Anglure, à partir la conception inuit des relations de sexe, de genre, de la famille et de l'identité fondée non pas sur le binarisme occidental et sa logique du tiers exclu, mais sur celle du tiers inclus (ibid.), tout en situant le débat bien plus sur le plan du sexe social que sur celui de l'orientation sexuelle.