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En ce début de XXIe siècle, l'espace public et médiatique foisonne de discours et de prophéties sur l'innovation technique qui promettent un monde meilleur sinon le « meilleur des mondes », dans un écho lointain à cette l'idéologie du progrès qui triomphait sous les « Trente Glorieuses » et que l'on croyait à jamais ensevelies sous l'avalanche des critiques du dernier quart du XXe siècle. La liste s'allonge tous les jours depuis les multiples perfectionnements de la microinformatique, désormais intimement associée à Internet et à la communication multisupport, jusqu'à l'intelligence artificielle et la robotique, en passant par la géoingénierie, chimie verte, les applications des neurosciences, des technologies satellites, de la thérapie génique ou la biologie de synthèse. Malgré leur diversité de forme et d'ambition, par leur seule répétition amplifiée par le « buzz » médiatique et la dramaturgie des « démos », ces promesses instillent quotidiennement l'évidence de l'avènement de futurs technicisés, présentés à la fois comme inévitables et désirables. Ces promesses en cascade attestent d'une nouvelle accélération du développement technique qui affecte toute la vie sociale, dans une nouvelle phase de son histoire où les différents champs scientifiques se combinent en abolissant les frontières disciplinaires. Elles révèlent également la force d'un conditionnement culturel qui nous conduit à croire, en abdiquant souvent tout esprit critique, au miracle technologique toujours recommencé. Si bien que, dans cette effervescence techno-futuriste, l'on finit par les prendre « pour argent comptant », y compris lorsque le développement des innovations annoncées est embryonnaire ou hypothétique. Le propos de ce dossier de Socio est d'interroger les fondements et les logiques de dissémination de ce mot d'ordre technicien, à partir d'études de cas et de cadrages théoriques, et de mettre ainsi au jour les enjeux politiques de leur régulation dans la société.