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Les usages innovants de la tomographie, avec les possibilités d'une lecture en trois dimensions des données, commencent à émerger dans le milieu du patrimoine culturel à l’initiative d’archéologues, d’anthropologues et de restaurateurs-conservateurs. Ces technologies, qui n’ont de cesse de progresser, ouvrent une nouvelle ère pour la connaissance, la conservation et la diffusion des données archéologiques. Ces approches interdisciplinaires bouleversent même les pratiques et font apparaître de nouvelles préoccupations et de nouveaux enjeux. Si elles ne sont pas pionnières dans le domaine de l’archéologie, des réalisations prometteuses laissent déjà entrevoir une véritable révolution que les progrès et la démocratisation des outils d’acquisition et de traitement de l’image confirment aujourd’hui. Longtemps restés confidentiels, les champs applicatifs en archéologie se multiplient et interpellent les chercheurs; en anthropologie biologique par exemple, ces outils sont maintenant intégrés de manière courante. Parmi les intérêts régulièrement mis en avant figure la spécificité première de ces technologies, une immédiateté de l’information par un accès à la structure interne de l’artefact ou du micro-site étudié. Outre l’introspection de mobilier, de corps momifiés ou de couches sédimentaires, c’est également la structuration d’un dépôt composite, voire d’un prélèvement en bloc, qu’il est possible d’examiner. Encore inimaginables il y a peu pour l’archéologue, ces méthodes, en pénétrant dans la matière, permettent de voir l’invisible, de manipuler l’inaccessible, avec la possibilité de défaire, sans toutefois rompre, la relation entre les différentes composantes assemblées. L’usage de la tomographie représente ainsi pour la discipline une occasion d’interroger à nouveaux nos perceptions d’un processus technique ou biologique, d’une évolution taphonomique... Pour ce numéro entièrement dédié à la tomographie en archéologie, des chercheurs d’horizons différents ont été sollicités, qui ont intégré dans leur process d’analyse l’exploitation des données tomographiques, en leur demandant de remettre en perspective l’usage, l’apport de ces technologies dans leurs champs disciplinaires. Cette démarche nous a paru nécessaire afin que chacun puisse jauger de la portée de ces outils en terme de nouveaux usages, de nouvelles perspective de recherche et surtout, de leurs enjeux.