Prix public : 24,00 €
Ce livre tente de comprendre dans quelle mesure les misères que les Colombiens ont subies durant deux siècles de vie républicaine, sont le produit d'une culture trop empreinte de ce que Baruch Spinoza appelait les «passions tristes». En Colombie, comme dans tous les pays la haine, la vengeance, l’envie, la malveillance, le mépris, l’animosité, le ressentiment, l’amertume et d’autres sentiments de ce genre côtoient leurs opposés, l’empathie, le pardon, la cordialité, la bienveillance, la tendresse, la collaboration et la compassion. Chaque pays adopte un certain arrangement émotionnel entre ces deux ensembles, dont il obtient son identité culturelle, quelque chose comme un profil social. Certains sont équilibrés, alors que d’autres penchent vers l'un ou l’autre de ces deux ensembles. L’hypothèse de Mauricio García Villegas est que l’équilibre, surtout dans le champ de la culture politique, s’est trop incliné du côté des sentiments tristes et, en conséquence, a favorisé les conflits. Bien sûr, il faut également prendre en compte l’injustice sociale, le despotisme, l’oligarchie, l’incapacité administrative et la corruption; mais toutes ces peines auraient été plus faciles à dépasser si elles n’avaient pas été envenimées par les fureurs de la politique, par la fermeture émotionnelle des esprits.