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Une malheureuse grenouille mise à cuire dans une marmite tolère une élévation régulière de la température de l’eau, alors qu’un ébouillantement brutal la ferait réagir aussitôt. De même, le réchauffement climatique est insidieux : il n’est perceptible qu’à l’échelle de la décennie, voire du siècle, n’implique aucune décision urgente et, de fait, est régulièrement repoussé sur l’agenda des politiques dont l’horizon excède rarement quelques années. Or, dans le domaine de l’environnement, le délai entre l’action et son impact est au minimum de cinquante ans. Seul un point de vue éthique et anthropologique prenant en compte la survie de l’espèce humaine pourrait résoudre le dilemme, mais en tant qu’Homo œconomicus nous sommes des individus calculateurs agissant par intérêt personnel, et pour lesquels l’environnement est une ressource infinie et gratuite. Dans le jeu économique ordinaire, il n’y a pas de « taux d’intérêt écologique », comme le montre l’inéluctable disparition, sous l’effet des lois économiques, des ressources halieutiques. C’est donc à une conception plus large de l’humanité et à un renouveau de l’éthique que nous convie l’auteur, à défaut de voir l’espèce humaine, victime de la pensée économique, partager le triste sort de la morue, du thon rouge... et de la grenouille. Mathématicien et économiste, Ivar Ekeland a participé à la chaire Finance et développement durable de l’université Paris-Dauphine, qu’il a présidée. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation.