Prix public : 26,00 €
Les premiers récits de Claude Ollier ont été suscités par un séjour au Maroc, et la découverte des langues et des cultures du Maghreb. De cette rencontre, toute l'oeuvre écrite depuis garde une empreinte d'étrangeté et se nourrit d'une attention singulière aux langues qui la trament. Car l'écriture de Claude Ollier reste en quelque sorte hantée par l'alphabet de l'Autre, arabe, berbère, allemand, anglais ; elle s'emploie à en suivre les inscriptions dans le corps. C'est dire que ces textes, qui exaltent une altérité irréductible, se situent à l'opposé de l'exotisme. La littérature devient le lieu où des passages peuvent être frayés dans les interdits culturels, les images touristiques, les dressages linguistiques qui sont les nôtres. Telle est l'entreprise fondamentale, de livre en livre, du narrateur de Claude Ollier, invétéré voyageur-découvreur de planètes. Car c'est un trajet intersidéral qui est engagé, inévitablement, en direction de l'Autre, qu'il ait nom Maroc, Mexique, Australie, planète Enigma ou... Ile-de-France. En fait, la rencontre avec l'étranger donne à l'écrivain une langue : la langue française toute métissée de timbres et de rythmes différents. Et pour que les expériences mais aussi les phantasmes et les rêves déposent, il faut une écriture qui, loin des codes romanesques, opte pour l'exigeante liberté du récit, lequel fait tout autrement la part des choses. Les partitions de Claude Ollier entendent souligner, notamment, que les divisions géographiques et techniques, les strates historiques, la portée musicale des voix du texte, bref l'occupation des sols terrestres et des sols de l'imaginaire, tout relève de l'inscription du politique ; tout fait surface d'écriture. Les partitions de Claude Ollier ont aussi voulu mettre en oeuvre l'exercice du partage : l'ouvrage accueille 33 textes de Claude Ollier qui se greffent sur l'analyse, et il expérimente ainsi une relation différentielle. C'est une forme nouvelle de critique littéraire qui s'invente là, et qui tâche d'esquisser une poétique de l'altérité. S'ouvre alors, entre l'écrivain et l'analyste, par échos et entames, tout le champ spectral de l'oeuvre.