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Des statues vivantes égyptiennes aux automates du XVIIIe siècle, des robots de la science-fiction aux créatures de la "vie artificielle", s'est constituée une longue lignée des figures du double comme autant de témoignages symboliques d'une aventure anthropologique depuis toujours hantée par le désir démiurgique d'animer de vie une création à l'image de l'homme. Or, si le XXe siècle n'a pas inauguré le processus de la duplication, il en a intensifié les effets et élargi les applications jusqu'à laisser envisager le clonage humain. <br /><br /> Dès 1936, le philosophe Walter Benjamin soulignait les conséquences que pouvait induire l'avènement de la reproductibilité technique, non seulement quant au statut de l'oeuvre d'art mais, à terme, quant à la singularité du temps de l'expérience dont dépend la possibilité même de l'inédit. Car, créé à la ressemblance de son modèle humain, l'automate — robot sans histoire ou clone sans mémoire — n'est jamais qu'un homme qui a perdu son temps. <br /><br /> L'ouvrage d'Isabelle Rieusset-Lemarié s'attache cependant à explorer la richesse et la métamorphose des nouvelles créatures artificielles : clones et marionnettes de synthèse, acteurs et humains virtuels, avatars... Il invite également à considérer dans toute leur ambivalence les enjeux de notre société de reproduction multimédia confrontée aux logiques de standardisation des industries culturelles et aux dangers biotechnologiques, au sein d'un univers marchand prédateur qui ne respecte plus ni exception culturelle ni exception du vivant.