Prix public : 23,10 €
En Afrique du Sud, depuis l'arrivée au pouvoir du Parti national en 1948, et les années irrespirables de l'apartheid qui ont suivi le massacre de Sharpeville en 1960, les voix de l'opposition ont été bâillonnées. Face à ce vide, de nombreux artistes sud-africains ont ressenti la nécessité d'agir et, à travers leurs oeuvres, de témoigner et de participer. [...]
Dans ces circonstances, le poème était parfois "aussi bien une cachette qu'un mégaphone". Mais il n'était pas, pour autant, nécessairement encombré de slogans. Au contraire, il pouvait être le lieu où le moi se découvrait en cherchant à exorciser l'influence de l'apartheid. La frontière entre le champ personnel et le champ politique avait alors tendance à disparaître ; un lyrisme puissant, parfois inspiré par la poésie orale et perceptible à la lecture à voix haute, fusionnait avec une conscience sociale aiguë. [...]
Sans vouloir réduire le travail très varié des quarante-sept poètes présents dans cette anthologie à un seul modèle, on peut les considérer comme représentatifs de la lignée relativement récente d'une poésie née en Afrique du Sud en rupture avec l'héritage colonial.
L'objectif de ce livre serait donc de retracer l'évolution de cette lignée du début des années soixante jusqu'à la fin des années quatre-vingt-dix. En insistant sur le fait que l'Afrique du Sud a été, et reste encore, une entité fragmentée, scindée sur le plan psychique, racial, territorial, où l'écrivain ne peut refléter "qu'une fraction minuscule de la vie".
(Extraits de l'introduction
de Denis Hirson)