Prix public : 18,30 €
Au Caire dans les années 1970-1980, Helen, irlandaise, vit mariée à Youssef Iskander. Elle a eu de lui une fille, Djehane, mais ne s'est jamais sentie intégrée pour autant. Elle est et restera pour tous "L'«Irlandia»".
Après le suicide inexpliqué de son mari, la jeune femme rentre en Grande-Bretagne, croyant s'être enfin défaite de cette Egypte pour laquelle elle n'avait jamais éprouvé que répulsion. Mais Le Caire a insidieusement pris possession de sa mémoire et de tout son être. Elle est condamnée à se souvenir sans cesse.
Non sans ressentiment contre l'homme qui l'a trompée, contre l'Egypte suffocante, contre la mégapole sale, grouillante, mais à jamais obsédante, Helen reprend le fil de l'histoire : Youssef, et sa morgue mélancolique de fils de pacha ruiné ; le vieux passeur qui les regardait avec bienveillance, quand, étudiants amoureux, ils prenaient le bac pour traverser le Nil ; les amis du temps où l'on dînait "chez Helen et Youssef".
Comme dans une galerie de portraits, surgissent le coopérant français faisant miroiter à son petit ami arabe le rêve du voyage en France, Euphrasie, l'artiste chypriote, vierge folle bernée par Georges, Araby le simplet, le boy soigneux qui vole tout aussi soigneusement ses quelques piécettes par jour pour se payer le taxi, Malika qui use de son corps de belle fellah pour grimper dans l'échelle sociale.
Au fil des pages, le lecteur voit ainsi se dérouler une fresque citadine dans laquelle les destins des personnages s'entrecroisent à la manière balzacienne. La ville, ses rues, ses marchés, ses odeurs, ses quais, est sans cesse présente, vivant dans le souvenir d'Helen, puisant dans ses artères, comme le centre vital de ce récit de nostalgie à contresens, puisque fait de rancoeur.