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"Méticuleuse, exhaustive, révélatrice, la chronique par Ernst Pawel des huit dernières années de Heine à Paris, cloué sur ce qu'il appelait son «matelas-tombeau» (on pense, par comparaison, au «radeau-lit» de Colette), décrit un homme qui est tout sauf vaincu. Dans le regard plein de compassion de Pawel, Heine est plusieurs choses à la fois : animal politique, ami fidèle ou infidèle, polémiste, amant et, toujours, poète ; la maladie qui le tenaille et le pousse à écrire des vers rageurs confère aussi à sa poésie une profondeur et une portée qui ne se manifestaient pas avec autant d'évidence dans sa jeunesse. Nul doute que la proximité de la mort ne concentre la vision d'un poète. [...]<br /> Il se peut que la mort rapide et dramatique d'un poète (Lord Byron combattant pour l'indépendance de la Grèce, Nerval se pendant à un réverbère parisien) soit plus facile à célébrer qu'une agonie prolongée (Rimbaud gagné par la gangrène tout au long de son voyage d'Abyssinie à Marseille, Oscar Wilde mourant «au-dessus de ses moyens» dans une chambre d'hôtel tapissée d'un papier affreux). Quoi qu'il en soit, avec ou sans compassion, la chronique de la mort de Heine (mourant comme Aristote et comme les rosés) constitue, sous la plume de Pawel, un digne mémorial au plus éternel des poètes allemands." <br /><br /> ALBERTO MANGUEL (extrait de la postface)