Prix public : 22,20 €
Ce roman d'inspiration autobiographique raconte par le menu les vicissitudes d'un groupe de balseros dans ses nombreuses tentatives d'évasion. C'est aux destins particuliers qu'ici l'on s'attache, avec leur grandeur mais aussi leur petitesse, leur quête de sens et d'essence, leur courage de fourmis pour préparer chaque détail de l'opération comme leur obsession futile pour les grandes marques, par un va-et-vient permanent entre le présent et le passé, entre la vie quotidienne et les circonstances historiques (la fin des années 1980, la fameuse "Période spéciale" où l'aide du grand frère plus tout à fait soviétique devient elle aussi une denrée rare).
Ici, aucun des stigmates habituels de la littérature cubaine de l'exil. Distance, honnêteté et sobriété caractérisent la posture d'Erick de Armas, dans ce livre écrit plus de dix ans après les faits. Jamais il ne verse dans la caricature du régime ou le jugement péremptoire. Il constate et décrit, quitte à brocarder sans état d'âme un glamour tropical très en vogue sous nos latitudes. La rigueur du scientifique (il est médecin) cohabitant avec la sensibilité de l'artiste (il est aussi musicien), on est d'emblée pris d'affection pour ces personnes (plutôt que personnages) si humaines, si "normales", si saines, si pleines de vitalité, qui n'ont qu'un désir : ne pas se faire confisquer leur vie. Pas facile, quand on est Cubain. Alors, on puise sa force dans la solidarité, l'amour et l'acceptation des autres, dans le réseau hétéroclite de tous les "frères d'armes". Et vogue la galère!