Prix public : 45,70 €
Révélant les pouvoirs propres à des oeuvres considérées depuis longtemps en Occident comme simplement exotiques ou abstraites, Constantin Petridis examine la face cachée de l'art des Luba, des Songye, des Tshokwe et des Luluwa pour trouver, littéralement gravées dans la sculpture, les forces qui permettent au monde des esprits d'intervenir dans le quotidien. L'usage rituel de ces objets est censé assurer la bonne santé du nouveau-né, le succès à la chasse ou la victoire sur un ennemi. L'analyse de la littérature scientifique permet de mieux comprendre les conceptions changeantes du pouvoir et du prestige qui ont favorisé le développement de styles recherchés et majestueux admirés depuis longtemps par les amateurs d'art. Ces sculptures conservent toutefois le pouvoir mystérieux d'objets plus humbles auxquels les hommes attribuent depuis toujours la capacité de protéger, de guérir et de nuire. Art et pouvoir examine une culture artistique spécifique : le sacré et le profane y sont indivisibles, les valeurs esthétiques et les valeurs morales y sont inséparables. <br /><br /><br /> Les Luba, les Songye, les Tshokwe et les Luluwa - quatre ethnies culturellement et historiquement apparentées - vivent sur un vaste territoire au coeur de la savane d'Afrique centrale. Toutes ont produit l'un ou l'autre type d'"objet de pouvoir" figuratif. Généralement sculptés dans le bois, ces objets anthropomorphes ou zoomorphes sont les réceptacles de divers ingrédients d'origine végétale, animale, voire même humaine. Dotés de pouvoirs de guérison et de protection, ils servent aussi à rendre la justice ou, au contraire, à nuire à autrui. Intermédiaires entre le monde des humains et celui des esprits, ils sont associés à des croyances et à des pratiques magico-religieuses. La littérature spécialisée établit volontiers une distinction stylistique et fonctionnelle entre un "art populaire" au service de la religion et un "art de cour" au service du pouvoir politique. Cet ouvrage tente pourtant de démontrer que, chez les Luba, les Songye, les Tshokwe et les Luluwa, religion et gouvernance se rejoignent dans des sculptures raffinées de grandes dimensions, caractérisées par un rendu méticuleux des détails anatomiques et décoratifs. Dans le contexte des réformes politiques et sociales qui ont conduit à un plus haut degré de centralisation et à l'émergence d'une élite de hauts dignitaires, une évolution stylistique a en effet mené à des sculptures figuratives toujours plus élaborées, qui ne sont pas seulement porteuses de connotations magiques et religieuses, mais qui renvoient également aux principes d'autorité et de prestige.