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Au XIe siècle, au sud d'Alep, un poète s'isole des hommes jusqu'à sa mort. Ma‘arrî s'astreint jour après jour, durant près de cinquante ans, à des exercices spirituels qui ne regardent personne.
Jeûner, méditer, moduler des vers font partie intégrante de son ascèse : pour cet esprit enfermé dans sa cécité, il s'agit de tirer l'existence au clair, dans l'éblouissement aveugle de la poésie. Les Impératifs exigent l'impossible, car vivre est absurde. Ma‘arrî réclame que Dieu parle ; mais seul le vacarme insensé du monde lui répond. La déchéance de la création suscite un cri d'angoisse sans commune mesure avec la tradition poétique arabe. Cette parole âpre et diffi cile, traversée de sarcasmes, de lamentations, de pensées en apparence contradictoires, a-t-elle jamais été véritablement entendue ? Jamais l'islam n'avait essuyé une critique aussi cinglante ; et cette critique vient de l'un de ses plus grands esprits.
On a tout écrit sur l'oeuvre ; certains l'ont accusée d'hérésie, d'autres l'ont interprétée de manière réductrice. Les Impératifs posent en effet une énigme redoutable, au point qu'ils font encore l'objet de censure dans quelques pays arabes. Cette traduction complétée d'annexes devrait permettre au lecteur de juger sur pièces.
Hoa Hoï Vuong est ancien élève de l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres. Il a publié en 2003 un essai comparatiste, intitulé Musiques de roman. Proust, Mann, Joyce, aux éditions PIE-Peter Lang.
Patrick Mégarbané, d'origine syrienne, ancien élève de Polytechnique et de la Sorbonne, a enseigné et travaillé comme expert des Nations unies à Damas. Ils ont déjà publié conjointement chez Actes Sud Ors et saisons (2006) et Le Dîwân de Bagdad (2008).