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Après les projets de l'abbé de Saint-Pierre, avant De l'Esprit d'Helvétius, le livre de Duclos tente de promouvoir des critères d'évaluation des conduites et des institutions : bonheur du plus grand nombre, utilité, bien public. Considérées comme le chef d'œuvre de Duclos par les lecteurs du XVIIIe siècle, les Considérations sur les mœurs de ce siècle ont été éclipsées, de nos jours, par l'intérêt pour les romans de leur auteur. C'est par un malentendu que l'ouvrage est lu comme un recueil de moraliste, alors qu'il rompt avec la perspective universalisante et atemporelle de la maxime, avec une écriture fragmentaire qui vise au seul démasquage des faux-semblants. Machine de guerre contre les valeurs de la société aristocratique, support de la promotion d'une morale de l'utile, qui tente de s'imposer contre la culture de l'homme de cour, les Considérations appartiennent à un courant de pensée longtemps négligé dans la tradition française. Après les projets de l'abbé de Saint-Pierre, avant De l'Esprit d'Helvétius, le livre de Duclos tente de promouvoir des critères d'évaluation des conduites et des institutions : bonheur du plus grand nombre, utilité, bien public. C'est la mondanité qui devient alors la cible de ses critiques, comme culture et fonctionnement social marqués par les intérêts particuliers, la futilité, la tyrannie des modes et de la crainte du ridicule. Duclos revendique, pour des groupes sociaux en quête de légitimité, de nouvelles sources de domination symbolique, de nouvelles formes de reconnaissance : il faut fixer "le prix réel des choses".