Prix public : 70,00 €
Contrairement aux autres lieux de Refuge, la Colonie huguenote de Prusse a gardé pendant plus d’un siècle une forte structure administrative, avec une direction intégrée au plus haut niveau de l’État. La recherche ne s’est guère intéressée à la période tardive de la Colonie. Or sa longévité intrigue. Quels étaient la composition ethnique et les modes de vie de sa population ? En quelle langue y parlait et y priait-on ? Quel intérêt trouvait l’État prussien à son maintien ? C’est à cet état des lieux que s’attache la première partie de ce livre, qui met en lumière la durée et la complexité des phénomènes d’acculturation, mais tente aussi de replacer cette « histoire huguenote » dans le cadre de la politique globale menée par les Hohenzollern en matière de peuplement et de développement économique. La seconde partie est consacrée aux bouleversements qui marquèrent le début du XIXe siècle. Bouleversements culturels d’abord, avec l’extraordinaire floraison du « classicisme berlinois » (Berliner Klassik), dans laquelle des descendants de Français réfugiés tinrent une place éminente. Bouleversements politiques ensuite : arrivée d’émigrés de la Révolution française, débâcle militaire de 1806, occupation de Berlin par les troupes napoléoniennes. Quelle fut l’attitude des huguenots prussiens face aux Français de France en ces temps troublés ? Puis vint le temps des grandes réformes de l’État ; elles entraînèrent la suppression de la Colonie institutionnelle, mais dans un long processus dont l’étude est riche d’enseignements. Enfin, l’analyse de la place de descendants de réfugiés dans la réforme municipale (1808) et lors des Guerres de libération (1813) offre des occasions supplémentaires de s’interroger sur le lieu d’une minorité culturelle, linguistique et ethnique dans une société d’ancien régime en mutation. Ainsi, les destinées de cette minorité particulière croisent en permanence des problématiques plus vastes, qu’elles peuvent contribuer à éclairer.