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Des poétiques italiennes de la Renaissance au classicisme français, la théorie de la fiction a été le lieu de confrontations d’une exceptionnelle richesse épistémologique entre le discours de la littérature sur le monde et ceux de la foi, de l’histoire, de la morale et des sciences. Lue comme une réponse à la condamnation platonicienne de la poésie comme illusion de ressemblance, la Poétique d’Aristote donne naissance entre le XVIe et le XVIIe siècle à des théories de la fable capables de rendre compte du supplément d’être que la fiction littéraire apporte à ses objets. Ces modèles, antérieurs aux modifications des théories de l’art et de la linguistique qui fondent aujourd’hui la ségrégation logique entre systèmes fictionnels et véridictoires, peuvent-ils contribuer à mettre en évidence la place que tient celle-ci dans la représentation vraisemblable qu’une société se fait d’elle-même ? C’est l’hypothèse que retient cet essai, qui poursuit l’analyse de ce courant rationaliste des poétiques italiennes de la fiction dans l’œuvre théorique du Hollandais Daniel Heinsius (La Constitution de la tragédie, Leyde, 1611), puis dans celle du poète et académicien Jean Chapelain (1595-1674), qui se donna pour but l’organisation des formes de la vraisemblance littéraire en France.