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Des « siècles grossiers », un « art confus » : le dénigrement du Moyen Âge par le Grand Siècle et Boileau est depuis vingt ans nuancé par la critique. Cet ouvrage franchit une nouvelle étape et démontre l’existence au XVIIe siècle d’une lecture positive et d’un usage valorisé des livres médiévaux. Les Gallaup de Chasteuil, parlementaires aixois, – en particulier Hubert et Pierre – lurent, annotèrent, reconfigurèrent les « vieux » manuscrits et imprimés de la riche bibliothèque familiale constituée dès la fin du XVIe siècle par leur grand-père, Louis, poète ami de Malherbe, puis par Jean, leur père, qui prônait en 1624 une renaissance de la poésie des troubadours provençaux. Injustement disgraciés par Louis XIV en 1659, en fuite puis en exil 14 années durant, les deux frères usèrent de la littérature du Moyen Âge comme d’un outil de consolation, mais aussi de contestation contre la Justice royale, lui opposant le modèle fantasmé des Parlements d’amour de la Provence du XIIIe siècle. À la justice de droit divin, le Moyen Âge offrait un contre-modèle érotico-politique où la poésie fondait le droit et la justice. Collectionnant et lisant sans relâche textes d’oc et d’oïl, ils ont défendu et fait la promotion de cette littérature qu’ils voulurent éditer et diffusèrent dans les années 1670 à 1710. En louant les « grâces » de Beuves de Hantone ou les « beautés » du tombeau de Béatrix de Provence, ils s’opposaient aux Anciens, de concert avec le mouvement galant qui intégra le Moyen Âge à sa pensée de la modernité et produisit les premières œuvres médiévalistes. Cette reviviscence de la littérature du « vieux temps » comportait donc des enjeux personnels, collectifs, esthétiques, socio-politiques, et s’offrait comme une alternative idéologique à l’idéal classique imposé par Louis XIV.