Prix public : 65,00 €
Balzac est, certes, un grand romancier du réel, mais quel réel ? Celui du père Goriot, le « Christ de la paternité », de Lucien de Rubempré, ange déchu, ou d’Eugénie Grandet, sainte laïque ? Portraits, descriptions, fresques sociales, exposés d’opérations financières complexes l’ont fait classer comme « réaliste », alors que c’est un analyste des passions, un philosophe et un moraliste qui a posé la grande question du Bien et du Mal. Ses personnages, si vrais dans les détails, sont des types, des idées ou des sentiments incarnés, versions mythifiées d’une architecture de fantasmes : artistes tourmentés, chercheurs d’Absolu, « martyrs ignorés », autant d’images idéalisées ou masochistes de lui-même. Il pratique les genres bibliques ou les modèles canoniques de l’hagiographie et croit, comme la Kabbale, Leibniz ou Nietzsche, à l’existence d’une substance unique, diversifiée pour former la nature, les espèces animales et humaines. La pensée – exorbitante dépense de cette énergie –, peut être raisonnante ou intuitive dans certaines expériences limites comme l’amour, la prière, ou la création artistique. Par ces thèmes cruciaux, La Comédie humaine pourrait bien annoncer la représentation que donnent aujourd’hui les neurosciences du monde physique, non plus descriptive, mais prédictive, non plus matérialiste, mais spiritualiste.