Prix public : 60,00 €
Le milieu du XVIIe siècle vit l’entrée des femmes dans le champ littéraire. Entre 1654, l’année de Clélie et 1678, l’année de La Princesse de Clèves, trente et un roman de femmes furent publiés. Or ce mouvement d’émergence d’une écriture romanesque féminine correspond aussi à un moment de mutation profonde dans l’histoire du roman : la question du genre (genre romanesque, genre féminin) se trouve ainsi doublement posée. À travers l’étude de l’ensemble de ces œuvres, connues ou inconnues, cet ouvrage se propose deux objectifs. D’une part analyser des textes restés trop souvent ignorés par l’histoire littéraire : le caractère topique et conformiste des intrigues héroïques, historiques ou galantes, n’empêche pas la tenue d’un discours sur le monde. Les romans de femmes, sans devenir le lieu d’expression des mille et une misères de la condition féminine, sont marqués par une dimension critique qui met plus généralement la société en cause, mais proposent aussi de nouveaux modèles sociaux. D’autre part, comprendre comment peut s’expliquer la prédilection féminine pour un genre aussi décrié que l’était le roman. L’étude des origines sociales, la découverte des formes féminines d’éducation et de vie permettent de cerner les conditions de possibilité d’une carrière littéraire. La pratique de la pseudonymie et le choix de rapprocher le roman de la morale et de l’Histoire montrent la difficulté de légitimer leur écriture. Ne pouvant attendre de reconnaissance officielle des institutions, les romancières ont utilisé la ductilité d’un genre auquel les discours d’autorité attribuaient les mêmes caractéristiques symboliques qu’aux femmes : contraintes par des usages défavorables à fonder leur légitimité sur le succès, elles inaugurèrent ainsi de nouveaux rapports entre l’auteur, le livre et le public. Réimpression de l'édition de 1999