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Qui veut comprendre l’échec de la révolution allemande et la décennie qui a précédé la Seconde Guerre mondiale ne peut ignorer les faits. Ils permettent de comprendre comment a pu s’étendre, à la manière d’un ulcère cancéreux, l’épouvantable sentiment de vide auquel étaient en proie tous ceux qui croyaient pouvoir encore s’appuyer sur quelque chose, ne fût-ce que le souvenir de leur existence politique. Si, après un tremblement de terre, les survivants conservent quelque espoir de voir le soleil réapparaître un jour à l’horizon, ceux d’entre nous qui allèrent au tapis, furent rejetés ou choisirent de prendre la fuite n’avaient, eux, plus rien à attendre. La vie continuait en surface, mais l’épanouissement, qui fonde la prétention individuelle à l’existence, s’était brutalement arrêté. Ainsi s’expliquent l’apathie, l’indifférence et la montée du cynisme. S’il se passait encore quelque chose, on ne le voyait plus qu’à travers une épaisse cloison de verre…