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« Dans la nuit, plusieurs dizaines de milliers de manifestants descendent dans les rues à l’appel de Charles Blé Goudé, leader des “jeunes patriotes”, et se dirigent vers l’aéroport et la base militaire française. Les Ivoiriens se heurtent rapidement aux hélicoptères et aux chars des soldats français, qui tirent à balles réelles et à la grenade offensive, faisant une trentaine de morts. Le lendemain, l’état-major français ne reconnaît pourtant que “des tirs d’intimidation”. Le soir, le général Bentégeat admet qu’ils ont “peut-être blessé ou même tué quelques personnes”, mais ne parle que de “pillards” et se déclare “très fier de la réaction qu’a eue le détachement Licorne. Ils ont montré qu’on ne tue pas impunément les soldats français”. La suite des événements confirmera qu’on peut en revanche tuer impunément des civils ivoiriens.» Derrière une neutralité affichée, la France n’a cessé d’intervenir dans la vie politique ivoirienne, défendant âprement ses intérêts économiques et son influence régionale. De la mort d’Houphouët-Boigny à la chute de Gbagbo, tout l’arsenal de la Françafrique s’est déployé en Côte d’Ivoire : diplomatie parallèle, réseaux officieux, affaires troubles, coups tordus et crimes de guerre.