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L’autorité fait régulièrement débat dans la société. Au cours de l’histoire alternent des élans libertaires – « il est interdit d’interdire » – et des mouvements de contrôle et de reprise en main du corps social par le « pouvoir ». Ces effets de balancier traversent tout autant le champ du soin, notamment la psychiatrie. Quel regard peut-on alors porter sur ce sujet dans les institutions où s’exerce le soin psychique ? L’autorité établit certes un ordre là où règnerait sinon le désordre, mais elle ne se réduit pas à l’usage du pouvoir, ce serait peut-être même le contraire sur le plan de la vie psychique : « Dès que la force même est en jeu, l’autorité cesse, comme le poids cesse dès que le corps tombe », écrivait Paul Valéry. L’autorité civilisatrice et structurante est d’abord affaire de légitimité, son étymologie est en effet l’auctoritas romaine, propre à la sagesse des anciens du Sénat, garante des « fondations ». Ses fonctions sont constitutives de l’individu comme de la civilisation. Elle organise les mouvements pulsionnels individuels et collectifs et permet leur sublimation, comme le notait Freud dans Malaise dans la civilisation. Un enfant ne peut grandir sans une autorité à laquelle se mesurer, sans limites auxquelles se confronter, sans quoi il se désorganise. Face aux désordres de la vie psychique, l’autorité soignante doit déjouer les pièges de l’emprise et de la séduction pour être plutôt une fonction tierce pacificatrice et respectueuse de l’autre dans sa différence.