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L’envie apparaît tôt dans la psychanalyse lorsque Freud met l’envie du pénis (penisneid) de la petite fille, préliminaire à sa future envie d’enfant, au centre du complexe de castration féminin. Il sera contesté d’abord par ses élèves femmes, comme Karen Horney qui considère que l’envie concerne les deux sexes, puis critiqué par les féministes. Pour Melanie Klein, l’envie est articulée à la pulsion de mort et ronge d’emblée le rapport du bébé à sa mère : il veut détruire les « mauvais objets » qu’elle possède et lui voler les « bons ». Lacan, qui l’a lue, met l’envie au cœur du complexe fraternel qu’il articule au Stade du miroir dès les années 30. S’appuyant sur un passage de Saint Augustin qui se remémore son invidia de son petit frère au sein de sa nourrice (« il ne parlait pas encore et déjà il contemplait, pâle, d’un regard amer son frère de lait »), Lacan évoque la rivalité et l’agressivité liées à l’identification imaginaire qui constitue le moi, et forge le terme de « jalouissance » pour exprimer la haine qui vise la jouissance de l’autre, dont le sujet s’estime privé. Il en différencie la jalousie, plus sociale, où le sujet redoute d’être dépossédé de son objet par un tiers. Si l’envie et la jalousie sont au cœur de la clinique quotidienne de l’enfant et de l’adulte, elles peuvent aussi conduire au crime. Différentes analyses de cas et d’œuvres littéraires ou cinématographiques déclineront les variations de l’envie des enfants et leur articulation avec l’envie de leurs parents. À côté du dossier « Envies d’enfants » qui donne son titre à ce numéro, figurent des compte-rendu de livres ou de films actuels, un entretien avec un artiste, une présentation clinique et des articles sur d’autres thèmes.