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La lyre et la pourpre se propose de considérer les variations, aussi bien locales que chronologiques, des rapports sans cesse variables, de la poésie et de la politique. De l'empereur chrétien (de l'Antiquité tardive et des temps carolingiens) aux princes et aux rois ensuite, combien de nuances possibles? De plus, le cadre intellectuel varie aussi à travers la permanence des relectures de l'Antiquité: au Ve siècle jusqu'au IXe siècle, c'est encore l'Empire romain qui prédomine, puis vient le Moyen Âge proprement dit, et enfin le monde humaniste qui est aussi celui des guerres de religion. La pourpre évoquée est celle du pouvoir et celle du sang qui coule: l'éloquence a été inventée pour servir d'arme (qu'on se rappelle les conceptions de Calliclès contre Socrate dans le Gorgias platonicien). D'une mise en scène littéraire des guerres et de leurs héros, on glisse vers l'actualité, dans laquelle la poésie est instrumentalisée par la main des politiques et la plume des poètes. Et donc cette poésie reflète les événements d'un temps sans lequel elle serait largement incompréhensible. En cela, elle est inséparable de l'histoire, qui peut être publique ou privée, ou même autobiographique dans certains cas. Et à ce titre, elle est aussi un matériau vivant de l'histoire, y compris dans sa langue, langue de culture sans doute, et non moins celle des pouvoirs civils et religieux.