Prix public : 18,00 €
Au-delà des rhétoriques de la déploration sur le « silence » ou la « fin des intellectuels », que reste-il de ce rôle de « préceptorat de l'opinion publique » parfois prêté aux clercs? Trente ans après l'essai de Régis Debray sur Le Pouvoir intellectuel en France, les études réunies à la suite d'un colloque organisé à la faculté de droit et de science politique de Rennes en janvier 2010 revisitent ce thème. À côté des figures hexagonales (Raymond Aron, René Guénon, Bernard- Henri Lévy et Pierre Bourdieu) ou étrangères (Jürgen Habermas, Charles Wright Mills) émergent des formes originales d'intervention dans l'espace public. Qu'ils se définissent comme catholiques ou européistes, qu'ils empruntent la forme des think tanks à l'image des Thirdwayers britanniques, des prophètes libertariens américains ou des Chicago boys chiliens, ces intellectuels collectifs témoignent de la vitalité et de la variété des engagements. Si l'histoire des intellectuels a multiplié les taxinomies, distinguant intellectuel prophétique, spécifique, médiatique, démocratique, la mosaïque des figures évoquées offre, sur fond de contextualisation, une relecture des liens complexes, d'attraction et de répulsion, qu'entretiennent les intellectuels à l'égard du champ politique et du pouvoir. De la contestation radicale du « Trotsky du Texas » (Mills) aux entrepreneurs intellectuels proches de Tony Blair et de la Troisième Voie, de l'intellectuel de cour béhachélien à l'intellectuel « total » bourdieusien, c'est toute une palette contrastée de postures qui se décline et révèle les mutations advenues. Des « Idiots utiles » aux prophètes d'institution?