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Au cours des années 1960, les manuels et les synthèses d'histoirede l'art connaissent de profondes mutations à la fois narrativeset éditoriales. Cette étude interroge la capacité de ces ouvragesà intégrer la notion de modernité au sein d'un récit qui se veut exhaustif, oùle temps et l'espace fixent le devenir des oeuvres dans une vision globale del'art. Les derniers chapitres de ces panoramas aménagent des décalages et descontradictions repérables dans le texte, les images et leur mise en page. C'estdans ces interstices que s'immiscent les tensions et enjeux de l'historicisationde l'art moderne.Les panoramas posent la France et l'Italie comme les pôles géographiqueset temporels du canon occidental. En France, depuis les impressionnistes, lamodernité est érigée en mythe national. En Italie, berceau de l'Antiquité etde la Renaissance, le patrimoine ne cesse de rappeler le souvenir d'un centrede création qu'on voudrait croire immuable. En outre, ces récits répondent àdes orientations culturelles spécifiques. En Italie, depuis 1923 la discipline estenseignée au lycée. Le manuel d'histoire de l'art est un objet éditorial normalisé,fort d'une longue tradition au sein d'un système éducatif qui le reconnaîtet l'alimente. En France, l'histoire de l'art est limitée à l'enseignementsupérieur. Le terme « manuel » reste rare dans le champ lexical de la discipline.Il en résulte une configuration éditoriale aux contours plus hétérogènes. Dansles deux pays, les textes sont élaborés par les historiens de l'art les plus influents.En envisageant les cadres institutionnels qui président à la publication desmanuels et des synthèses, cette étude situe la transmission du récit historiquesur l'art du XXe siècle à la croisée d'enjeux culturels, communautaires et idéologiquescomplexes.