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Depuis la plus haute Antiquité, l'histoire a été mise en spectacle. Dans ce spectacle vivant, la représentation du passé s'accommodait d'anachronismes et d'allusions au présent, aussi inévitables que nécessaires. Étudier le spectacle de l'histoire, c'est examiner les rapports que les sociétés contemporaines entretiennent avec certains pans de leur passé; c'est aussi comprendre ce que, de manière détournée, elles disent d'elles-mêmes, en re-créant l'histoire.Objet d'histoire culturelle, le spectacle de l'histoire se prête à un faisceau d'interrogations pluridisciplinaires: contexte économique, politique et social, analyse formelle des logiques de mise en spectacle, déterminations techniques (décor, éclairage), choix narratifs, effets spectaculaires, espaces de diffusion, publics concernés, réceptions différenciées, aspirations de l'imaginaire social, etc.Dans ce livre se rencontrent surtout deux ordres de nécessité, celui de l'histoire et celui du spectacle. Pour qu'un événement historique devienne objet de spectacle, il faut qu'il ait du sens pour ses spectateurs. L'impératif de véracité historique le cède souvent aux nécessités du spectacle. Il s'agit moins de comprendre que de ressentir: la mise en scène de l'histoire mobilise des registres émotionnels, identitaires, des expressions des corporalités qui prétextent la référence au passé pour évoquer le présent.Tout en convoquant une diversité d'époques (de l'Antiquité à nos jours), d'échelles (de l'individuel à la nation) et de domaines explorés (théâtre, opéra, ballet, cinéma, télévision, cirque, défilés équestres, arts de la rue, fêtes officielles, spectacles de sons et lumières, panoramas), cet ouvrage collectif a pour ambition d'analyser la fabrication des stéréotypes identitaires d'une époque, la manière dont l'usage du passé exprime des préoccupations individuelles et collectives. Les études regroupées ici s'ordonnent autour de trois thèmes: celui du héros, moteur de l'histoire, métaphore des résistances individuelles ou collectives; celui de la femme, absente des discours historiques mais omniprésente sur la scène; celui du spectaculaire, de ses effets de réels et inévitables anachronismes par lesquels toute société pose au passé les questions du présent.Cette approche culturaliste du spectacle de l'histoire est le fruit d'une réflexion engagée au sein de l'équipe pluridisciplinaire de l'axe Cultures et Politiques du Centre de Recherches en Histoire Quantitative de l'Université de Caen (UMR 6583 CNRS). Cet ouvrage prolonge les débats tenus lors du colloque « Le spectacle de l'histoire », organisé à l'abbaye d'Ardenne en septembre 2010.