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Secrète ou spectaculaire, la restauration des peintures est une activité qui fascine et soulève parfois la controverse. Peut-on ressusciter une œuvre? Qui sont les restaurateurs, d'habiles artisans ou d'infaillibles professionnels? Et à qui profitent les interventions? Ces questions se posent dès la deuxième moitié du 18e siècle en Europe. À partir de 1750, la « transposition » des tableaux, pratiquée à Paris par Robert Picault et la veuve Godefroid, fait naître des interrogations à la fois sociales, techniques et philosophiques. Mais l'activité prend aussi une dimension politique. Dans les années 1800, les peintures annexées en Belgique, en Allemagne ou en Italie, telle la Madone de Foligno de Raphaël, seront transportées dans l'actuel musée du Louvre et restaurées en grande pompe. La matérialité des œuvres devient un sujet de discussion majeur, étudié ici par un biais inédit: les pratiques et les débats qui s'y rapportent. En restituant avec précision une période essentielle de l'histoire de la restauration, ce livre ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche en histoire de l'art et souligne que les œuvres sont perpétuellement transformées et instables. Chaque modification invite à redéfinir ce qu'est un tableau, au gré des époques et des pays. L'activité de restauration s'apparente alors à une forme de réception mais aussi de recréation des peintures, dans laquelle le geste est inséparable de la pensée, et la pratique de la théorie.