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Force est de constater que, semblant prendre acte de la double inscription des Gender et des Postcolonial Studies dans le vaste champ des études culturelles, et surtout sous la double impulsion des travaux de Judith Butler et de Gayatri c. Spivak, la recherche internationale en sciences humaines et sociales tente d'imposer la rencontre entre ces deux perspectives comme nécessairement féconde. Les migrations sont à envisager comme autant de contextes englobants (les mobilités, les frontières, les circulations, le transnational, l'émigration, l'immigration, etc.), à la lumière du genre entendu comme la production sociale des différences et des distinctions et leur incorporation matérielle (en tant que réalité physique), et comme l'ensemble des processus de fabrication, d'institution et de légitimation de rapports sociaux dissymétriques. Le fil conducteur est donc ici celui d'une réflexion sur les théorisations de la norme, énoncées depuis ce double point de vue, et sur les violences symboliques que celles-ci révèlent ou dont elles procèdent, qu'il s'agisse de la tentation universaliste de la théorie occidentale, d'une part, du refus radical de cette théorie, d'autre part, ou encore de la cristallisation autour des discours masculins de décolonisation. Comment interroger la dimension sexuée des rapports sociaux et plus particulièrement des rapports langagiers dans le contexte migratoire? Comment penser une analyse complémentaire et simultanée des systèmes et rapports de domination, sexe, race, classe, âge, etc.? Quelles représentations conjointes du genre et de la migration les littératures postcoloniales proposent-elles? Quels croisements ces corpus opèrent-ils entre les genres sexués et la reconfiguration des genres littéraires, entre le genre et la valorisation du nomadisme et du cosmopolitisme, avatars de la migration?