Prix public : 12,00 €
Au milieu du XVIIe siècle, La Fontaine conte le supplice de Grégoire, paysan qui avoit offensé son seigneur. Si « l'histoire dit que c'était bagatelle », le malheureux dû ingurgiter douze gousses d'ail, endurer vingt coups de gaule avant de n'avoir d'autre choix que de « vider la bourse ». Œuvre peu connue du célèbre fabuliste, elle résume cependant tout l'imaginaire volontiers attaché à la figure du seigneur, celui d'un châtelain omnipotent qui exerce un pouvoir sans faille sur la terre et les hommes. Dans la société patriarcale de l'Ancien Régime, difficile d'envisager qu'une femme puisse endosser le costume tant la fonction contraste avec les rôles traditionnellement assignés aux femmes. Pour autant, les opportunités de gestion féminine de la seigneurie sont bien réelles. À la charnière entre XVIe et XVIIe siècles, la présente étude reconstruit les parcours de femmes nobles qui, à la faveur d'un héritage ou de circonstances particulières, sont promues « dame ». Dans l'espace de la Normandie, province où la Coutume est pourtant réputée très sévère à l'égard des femmes, l'analyse met en relief l'importance des fiefs hérités par des filles sans frère et les modalités originales d'administration féodale que ces successions peuvent introduire. Mineures, mariées ou veuves, baronnes ou duchesses, les femmes seigneurs sont approchées à différentes étapes de leur vie, à tous les paliers de la hiérarchie seigneuriale, pour mieux cerner l'évolution et l'étendue de leur pouvoir.