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Comment rester pauvre alors que tout conspire à notre enrichissement? C'est le problème auquel sont confrontés les franciscains à la fin du Moyen Âge. Ils ne doivent rien posséder et pourtant, l'argent afflue dans leurs couvents. À Avignon, ils se mettent même à tenir des comptes qui sont une source exceptionnelle sur leur vie et leur gestion dont on dit parfois qu'elle est aux origines du capitalisme. Dès lors qu'elle mobilise l'outil comptable, en quoi consiste leur ascèse qui semble annoncer les liens entre l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme et même peut-être les discours sur la décroissance, le développement durable et l'austérité? Grâce à l'analyse des méthodes comptables des frères, ce livre reconstruit les affinités historiques entre la religion et ce que nous, modernes, nous appelons l'économie. Il retrace notamment la façon dont s'imbriquèrent, dans la gestion franciscaine, le renoncement à la richesse et les échanges profitables pour promouvoir un mode d'administration et une normativité fondés sur l'évaluation et la mesure. Ces comptes éclairent d'une lumière très vive les fonctions de l'argent dans la société chrétienne à la veille de la Réforme. La « crise » de la fin du Moyen Âge – dont on pense souvent qu'elle fut le berceau de l'économie moderne, de l'émancipation de la bourgeoisie et de l'individu – développa un rapport aux choses, au temps et à Dieu où la comptabilité devenait le moyen d'analyser le réel et l'avenir et où les experts de ce calcul étaient aussi considérés comme les plus aptes à gouverner les autres.