Prix public : 16,00 €
Après la fin du Romantisme et la relégation du poète aux marges du champ social, la question de l'histoire pour la poésie française pourrait bien paraître sans objet. Elle semblerait à l'inverse omniprésente dans les poésies francophones, notamment celles des aires marquées par la fin des empires coloniaux. Cet ouvrage, qui rassemble des contributions sur des poètes français, québécois, antillais et africains, entend précisément nuancer cette opposition. La relation de la poésie française à l'histoire, d'une part, est au XXe siècle paradoxale mais bien réelle: relation d'extériorité assumée, oblique et non thématisée, elle n'est pas à chercher seulement dans un dispositif de représentation. Avec les moyens qui sont les siens, parmi lesquels la densité, la vitesse, la non-communication aussi bien, la poésie française donne à lire l'histoire de son temps d'une manière autre, irréductible aux discours sociaux ou historiens. Les poésies francophones, d'autre part, recouvrent évidemment des champs très différents et ne se laissent pas facilement rassembler dans un impératif commun, qu'il soit d'adhésion plus étroite à l'événement ou de reconstruction d'une histoire confisquée, sinon oblitérée, par la colonisation. Elles ne s'inscrivent au demeurant pas seulement dans des traditions nationales, mais dialoguent avec les poésies françaises dont elles partagent bien des paradoxes dans leur rapport à l'histoire.