Prix public : 24,00 €
Poitiers, brillante capitale de la Renaissance, université renommée fréquentée par les poètes de la Pléiade, place stratégique pendant les guerres de Religion, elle n'est plus, au XVIIIe siècle, qu'une cité de second rang, dépeuplée et dépréciée. Pour expliquer ce lent assoupissement, l'historiographie a longtemps mis en avant, à juste titre, des facteurs politiques et économiques. Réduite à l'obéissance par l'Etat monarchique sous Louis XIII et Louis XIV, incapable d'intégrer l'ouverture économique des Lumières, la ville semble décrocher de la modernité. Cet ouvrage propose de reconsidérer ce déclin et d'envisager les raisons qui permettent d'expliquer qu'une élite urbaine, composée d'officiers royaux, d'universitaires et de clercs, forte d'institutions locales prestigieuses, renonce à promouvoir l'éclat de sa cité. Les explications se trouvent dans les pratiques culturelles de ces échevins, de ces trésoriers du bureau des finances et de ces magistrats du présidial. En observant les usages de la lecture, de l'écriture et de la publication, en analysant les enjeux mobilisés par la mise en scène des cérémonies publiques, il est possible de comprendre comment le groupe social dominant transige avec l'Etat royal rémunérateur et contribue à la confessionnalisation de la ville, relayant le projet porté par les pères jésuites du collège. Ce livre écrit donc une autre histoire de Poitiers au Grand Siècle, celle du renoncement de son élite au dynamisme de la modernité au profit de l'adoration de Dieu et de l'admiration du roi.