Prix public : 18,00 €
Si les villes se transforment en permanence sous les forces conjuguées des dynamiques économiques, des projets d'aménagement et des choix des ménages, quelle place particulière peut-on attribuer à la rénovation urbaine des grands ensembles de logements sociaux? Depuis la loi d'orientation pour la ville d'août 2003, dite « loi Borloo », la rénovation urbaine renvoie aux projets de l'ANRU. Ces derniers visent à réhabiliter une partie des logements par des opérations de démolitions-reconstructions afin de transformer le bâti dégradé. De manière volontariste, il s'agit d'améliorer le cadre de vie en espérant promouvoir la mixité sociale dans des secteurs de la ville où réside une proportion élevée des populations paupérisées. La rénovation urbaine est souvent appréhendée selon le point de vue des aménageurs: quels objectifs poursuivent-ils? Quels moyens sont mis en œuvre? Le projet de cet ouvrage consiste à inverser le regard en partant de ceux qui vivent dans ces périmètres en voie de rénovation. Comment les perçoivent-ils? Quel rôle jouent-t-ils dans les transformations progressives de leurs territoires de vie? Poser ces questions conduit à interroger le concept de « participation ». Omniprésent dans les politiques urbaines françaises depuis la circulaire HVS de 1977, il occupe une place de choix dans les priorités politiques de nombreux pays européens. Or, cette injonction masque des pratiques différentes selon les pays concernés et elle se heurte à une multitude de difficultés concrètes: réticences des aménageurs à octroyer une place décisionnelle aux habitants, hésitation de ces habitants à s'engager dans des processus dont ils ne cernent pas les objectifs et dont ils doutent des effets concrets. Renforcer la place des habitants dans les opérations de rénovation urbaine constitue un objectif louable, qui devrait permettre de constituer ces populations en acteurs à part entière de la démocratie locale. Il est en effet paradoxal de ne pas prendre en compte les attentes et les avis de ceux qui apparaissent comme les premiers concernés par l'avenir de leurs lieux de résidence. Néanmoins, les mots ne peuvent servir d'alibi: il s'agit donc de confronter ces derniers à la réalité des pratiques. L'objectif de cet ouvrage résolument pluridisciplinaire consiste à interroger la place laissée aux populations les plus défavorisées dans l'élaboration des projets urbains et à plaider pour une transformation en profondeur des pratiques de participation et de démocratie locale. En cela, le fonctionnement actuel des opérations de rénovation urbaine observé dans plusieurs pays européens et en Algérie constitue un révélateur explicite des pratiques actuelles d'aménagement ainsi que de leurs limites politiques.