Prix public : 24,00 €
Si la ville habite les littératures québécoise et acadienne contemporaines des années 50 à aujourd'hui, tous genres confondus, nul doute que cet espace urbain transcrit en texte ne se soit, au fil des décennies, intensément renouvelé: d'abord écran sur lequel se dessine un monde en voie d'achèvement, support d'une espérance nationale ou communautaire, puis scène souvent subversive d'une parole ordinaire ou signe d'une ouverture à des identités plurielles et enfin, avec le nouveau siècle, vecteur du retour à une littérature du sujet, d'un sujet qui n'ignore pas son autre. L'hypothèse qui a guidé cette réflexion collective fondée sur une complémentarité d'approches, est qu'il vaut peut-être de se pencher sur la catégorie que représenterait une « littérature urbaine » à partir du corpus choisi, tant les terrains textuels qui pourraient la circonscrire paraissent offrir de strates diverses en lien avec les scansions d'une histoire: une histoire certes canadienne, mais insérée elle-même dans une pluralité de trames, celles de l'Amérique, du Vieux continent et du monde francophone. La ville sera donc appréhendée ici comme un prisme signifiant à travers lequel, sur six décennies (1950-2010), des écritures de romanciers, de nouvellistes, de poètes, d'hommes de théâtre ou d'auteurs-compositeurs ont eu la faculté de dire tout à la fois un programme littéraire spécifique, une situation politique, une appartenance ou une somme d'appartenances, un rapport ambigu aux modèles esthétiques, une aspiration mémorielle ou un intense désir de recommencement. Il s'agira aussi, en particulier au contact des écrivains de la migrance, de toucher aux infinies possibilités de figurations du temps, données par l'objet urbain lorsqu'il se textualise, et de travailler, ce faisant, à l'esquisse d'une chronotopologie.