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<p>Du cinéma qui naît à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle à celui qui s'expose aujourd'hui au musée s'est jouée une histoire en trois temps, dont chacun est venu décrire un usage théorique et social du signifiant "cinéma". Le premier consacre un appareil d'enregistrement et de projection des images en mouvement qui, parmi d'autres, a réussi à imposer un modèle technique et industriel de production des films. Point d'arrivée d'une culture visuelle façonnée par les panoramas, la photographie, le chemin de fer, la lanterne magique et les jouets optiques, le cinématographe consigne une vaste iconographie documentaire avant de s'ouvrir aux formes divertissantes du spectacle. C'est le moment Lumière. Pourtant, dès le début des années 1910, ce premier moment historique est contrarié par une demande d'art qui va profondément modifier son profil culturel et social. Si les avant-gardes ont été divisées sur ce que devait être le cinéma, partagées entre ceux qui y voyaient le moyen d'une révolution de l'art et ceux qui le comprenaient comme le réformateur du système des Beaux-Arts, l'art s'est toutefois imposé comme sa nouvelle condition historique. C'est le moment Canudo. Le troisième moment cinématographique, lui, coïncide avec l'expansion technologique de la cybernétique qui l'impose sous la forme quasi illimitée de 1'expanded cinema. Le cinéma cessait d'être le nom d'un art singulier pour devenir celui d'une utopie politique et esthétique. C'est le moment Youngblood.</p><p>Cet essai se propose de reprendre l'histoire de ces moments cinématographiques et fait l'hypothèse que le cinéma ne s'est maintenu septième dans la suite des arts qu'au prix d'un conflit de définitions qui ne s'est pas achevé avec la généralisation de son modèle économique.</p>