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Jean Roux, commissaire aux comptes, fiscaliste international, auteur d'une quinzaine d'ouvrages, fonde sur 18.000 articles de la presse économique et financière et une multitude de faits extrêmement précis, cette synthèse inquiétante de la politique financière de la France, pendant les deux dernières décennies menée par des gouvernements de gauche comme de droite . Qu'est-ce que brader sinon vendre des biens à bas prix pour s'en débarrasser et en tirer dans l'urgence quelque argent ? C'est ce que font les hommes politiques responsables du patrimoine national pour satisfaire, au jour le jour, les énormes besoins d'argent de l'État moderne, au lieu de le gérer en bon père de famille , dans une perspective de longue durée, afin de transmettre aux générations montantes, sous une forme modernisée, le capital de savoir-faire et de richesses accumulé par leurs aïeux. Les sept premiers chapitres de la très longue première partie analysent les techniques de la braderie et énumèrent les biens en question : pour l'essentiel le secteur productif public français, entreprises nationales naguère bénéficiaires, dont l'auteur déplore la privatisation au profit de groupes financiers internationaux pour la plupart anglo-saxons, très indifférents à nos problèmes de chômage et d'emploi, notamment des fonds de pensions destinés à assurer la retraite des vieux Américains aux dépens de celle des vieux Français. Mais ce n'est pas son seul point de mire : le patrimoine immobilier dont les sociétés françaises ne sont plus propriétaires, mais locataires, la vente à la découpe de leurs immeubles d'habitation, l'indifférence des pouvoirs publics à l'exploitation du patrimoine marin de la France, sa négligence en matière de protection des sites et d'entretien des monuments historiques etc... Un livre, à la fois technique et passionnant pour le non initié, où le lecteur verra qu'il s'agit de bien plus que du simple pillage des trésors artistiques des églises françaises accompli par les gens du voyage pour enrichir les musées américains et satisfaire la passion de quelques richissimes collectionneurs. Il en ressort que l'auteur n'est pas un adepte du libéralisme économique ni du mondialisme et il déplore la politique de Bruxelles à laquelle les non français et néerlandais n'ont rien changé. Sa pensée se situe dans le cadre national de la France, mais il n'ignore pas que toutes les nations d'Europe connaissent peu ou prou la même dépossession de leurs biens. Comment des entreprises d'État, solides et rentables pendant les Trente glorieuses , comme France-Télécom ou le Crédit Lyonnais se sont elles lancées dans des actions ruineuses qui ont entraîné leur privatisation ? Jean Roux n'exclut pas la volonté consciente de remettre toute l'économie mondiale aux mains d'une oligarchie financière, mais il accuse surtout l'électoralisme, qui engendre une politique à court terme et de considérables gaspillages, l'incompétence et la corruption, Or, qu'est-ce que l'incompétence sinon un mélange d'orgueil et de paresse ? Qu'est-ce que la corruption sinon la cupidité engendrée par une société hédoniste ? Qu'est-ce que l'énorme problème des retraites, tant françaises qu'américaines, sinon le produit d'une société occidentale à la fois malthusienne et individualiste ? La culture des sept péchés capitaux et l'abandon des commandements de Dieu est pour beaucoup dans notre ruine. Un proverbe dit qu' on est puni par où on a péché . Les Français seront punis par où ont péché leurs dirigeants mais ils ont aussi à se demander s'ils n'ont pas eux-mêmes à leur manière, par manque de civisme et par oubli des lois divines, été complices des mêmes péchés. Jacqueline Picoche