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Teilhard de Chardin a appris à ses dépens qu'il est dangereux de parler de péché originel, puisque les difficultés qu'il a rencontrées tout au long de sa vie ont commencé par la réaction de ses supérieurs à une note sur la manière dont il voyait le péché originel. Pourquoi de telles réactions, sinon parce que la notion de péché originel occupe une place stratégique dans la dogmatique catholique et joue un rôle majeur dans la culture chrétienne et postchrétienne. On ne touche pas à cette notion sans susciter des réactions indignées, violentes et souvent injustes. Pourtant, il le faut, car la manière habituelle de parler d'Adam et d'Eve comme de nos "premiers parents" dont la faute est à la racine des malheurs du monde est un obstacle majeur pour la foi. Les catéchistes le savent bien, comme en témoigne cette notation déjà ancienne de Jacques Loew dans son Journal d'une mission ouvrière : " Le premier chapitre de la Genèse par lequel tant de nos catéchismes débutaient était pour nos enfants une catastrophe. L'inévitable gravure du serpent enroulé autour de l'arbre et d'Eve pudiquement habillée de ses longs cheveux, tandis qu'Adam, hirsute, émergeait d'un buisson conduisait inévitablement vers une religion de légende les gosses et leurs parents " Il ne s'agit pas que d'une question de pédagogie, au sens où il suffirait de remplacer un mot par un autre, comme le souhaitait le très médiatique Abbé Pierre. La difficulté est sérieuse ; elle révèle un malaise profond entre la modernité et la théologie catholique...